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[Pause chantier #8] Régis Bourdot : « La reprise ne doit pas être un impératif économique qui l’emporte sur la santé. »

Régis Bourdot est directeur de la rédaction du Groupe Batiweb.
C’est aussi le président de l’AJCAM qui réunit, sous le même toit, plus de 900 professionnels de l’information du bâtiment, de la construction, de l’architecture, de la maison et du bricolage. Du beau monde !

Régis Bourdot est un journaliste web spécialiste et généreux qui se distingue surtout par son approche : l’approfondissement.

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Le confinement chez vous, c’est comment ?

Régis Bourdot : Nous avons fait le choix, avec ma femme, de rejoindre ma belle-mère dans son fief en Bretagne. Personne âgée et fragile, il était impensable de la laisser seule durant cette période. C’est de là que je gère les projets web et rédactionnels de Batiweb, avec un réseau internet un tantinet capricieux.

« S’il est un métier qui doit se nourrir du monde extérieur, c’est bien celui de journaliste ! « 

Le télétravail, je pratique depuis plusieurs années ! Chez Batiweb, acteur digital depuis 2005, nous avons des habitudes numériques et un mode d’organisation qui nous permettent de travailler à distance de manière optimale. Les grèves des mois passés nous avaient déjà poussés à adapter nos outils et nos process. Aujourd’hui, tout est prévu pour gérer l’interface d’administration du site à distance, publier les articles en ligne ou diffuser chaque jour la newsletter Batiweb (230.000 abonnés) qui connaît d’ailleurs des scores de lecture sans précédent depuis le début du confinement.

S’il est un métier qui doit se nourrir du monde extérieur, c’est bien celui de journaliste ! En période de confinement, on est plutôt vissé devant nos écrans d’ordinateurs. Je m’octroie donc des temps de déconnexion et sors régulièrement m’aérer la tête, avec cette impression de grand silence. La mer et le chant des oiseaux en bruits de fond sont venus remplacer celui des voitures. Se plaindre serait indécent.

Comment s’organisent vos journées en confinement ? Travaillez-vous autrement ?

R.B. : Pandémie de coronavirus oblige, la rédaction Batiweb fonctionne en équipe réduite. Trois journalistes sur les huit habituels continuent, de leur domicile, à analyser et décrypter l’actualité du BTP. Nous mettons tout en œuvre pour maintenir le site à flot et répondre aux besoins d’informations des internautes.

Aucun journaliste ne se rend plus sur le terrain. C’est pour nous, professionnels de l’information, une situation difficile et paradoxale car nous avons l’habitude d’aller à la rencontre de nos interlocuteurs, de visiter des chantiers ou d’assister à des démonstrations produits. Si le téléphone n’est pas des plus efficace pour nouer des liens de confiance, les entretiens et interviews en visioconférence sont en revanche agréables. C’est une nouvelle façon de travailler, différente et enrichissante.

Depuis le 16 mars, 80% à 90% des chantiers sont à l’arrêt. Comment poursuivez-vous votre activité ?

R.B. : Ce confinement repousse les échéances, mais pas les idées ! Après s’être concentrés sur les interrogations suscitées par les différentes annonces propres au BTP, le guide de préconisation de l’OPPBTP et la reprise ou pas des chantiers, nous essayons de traiter la crise sous d’autres angles.

« Si c’était l’occasion de voir les choses autrement ? »

Les professionnels de la construction doivent se réorganiser. Ils se retrouvent devant plusieurs difficultés : le manque d’EPI, de gels hydro-alcooliques et de masques indispensables pour travailler, sans compter le manque de matériels et de matériaux.

J’essaie de prendre cette crise avec philosophie. Et si c’était l’occasion de voir les choses autrement ? Ajuster nos process pour rendre l’équipe de rédaction encore plus agile qu’elle ne l’est déjà. Réfléchir à des conférences de presse complètement dématérialisées, diffusées en streaming et en direct sur internet…

Comment anticipez-vous la reprise, l’après-confinent ?

R.B. : Pour ce qui est du secteur du Bâtiment, j’applaudis le fait que la Convention citoyenne pour le climat ait remis ses 50 premières propositions au gouvernement. Il s’agit de solutions pour une sortie de crise plus vertueuse et plus durable. Elle propose notamment de rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici à 2040, et d’ici à 2030 pour les passoires thermiques. L’ambition est de passer à une rénovation globale, en multipliant par trois le rythme des rénovations.

Enfin, la situation inédite que nous subissons aujourd’hui force la société à se remettre en question. Le Covid-19 n’est pas juste une gripette. Nous connaissons aujourd’hui la date du 11 mai pour le début du déconfinement, mais la reprise ne doit pas être un impératif économique qui l’emporte sur la santé.

À mon sens, il faut absolument éviter les écueils de la crise de 2008 – 2010. Après plus d’un mois de confinement et une pandémie loin d’être endiguée, il s’agit de préparer et construire ensemble un avenir meilleur pour les générations futures.

Propos recueillis par Marie Kerouanton le 14 avril 2020.

A vous de jouer maintenant !

Comment vivez-vous le confinement ? Partagez votre expérience dans les commentaires.